Une transformation est-elle multidimensionnelle ?

15 juin 2021

« Sortir de ce qui existe est la seule façon d’inventer ce qui n’existe pas ». Maximilien Brabec, expert-praticien en innovation et stratégie.


Par Roxane Perrier, Consultante, Celencia Paris 

Une ère d’opportunités…

Notre ère vit une transformation idéologique, démocratique, socio-économique, digitale, environnementale… qui pousse à interroger nos manières de penser et d’agir. Un système, fonctionnant jusqu’alors essentiellement sur l’intérêt individuel et la recherche d’une hyper compétitivité, tend peu à peu vers de nouvelles créations de valeur plus en lien avec le bien commun et la quête de sens.

Là est la raison d’être de ceux qui accompagnent les transformations. Une transformation est une métamorphose, un changement d’une forme à une autre.

En l’opérant au sein d’une organisation, en lien avec ses besoins (stratégiques et humains), mais également en cohérence avec son écosystème, c’est le tout qui peut évoluer.

Évoluer vers un « Mieux » ! Mieux travailler, mieux collaborer, mieux communiquer, mieux s’inter-relier, mieux se connaître… Bref, les contours du « mieux » sont à définir mais l’enjeu est ici de comprendre le principe de co-construction, non figée, dans laquelle chacun peut être acteur et producteur, en continu. On parle d’ailleurs d’amélioration continue. Non pas sur le simple plan de la performance.

…Révélatrice d’interrogations nécessaires aux plans systémique…

Transformation peut être synonyme de peurs. Des peurs qui mettent en lumière des manquements au niveau de l’interne (sécurisation des équipes) faisant échos à ceux de l’externe (R&D, positionnement sur le marché, turn-over…). Or, l’une des premières questions à se poser lorsque l’on souhaite opérer un changement est : qu’est-il important de conscientiser, à titres individuel et collectif ? Quels sont les filtres qui peuvent limiter ou aider l’individu et par extension l’entreprise ? Sans la volonté de chacun d’identifier ces filtres – croyance, perception, modèle mental – il paraît difficile de sortir de sa zone de confort et d’aborder efficacement la transformation de son organisation. Ces filtres rassurent les peurs mais peuvent enfermer.

Un individu comme une organisation a construit un ensemble de croyances sur le monde qui l’entoure : produits, marchés, clients, concurrents… C’est sa définition. C’est cet ensemble de croyances qu’il est nécessaire d’interroger et de potentiellement modifier pour une transformation partagée par tous.

« La transformation est une affaire d’humains, parce que c’est une affaire de modèles mentaux individuels et collectifs qu’il faut savoir faire évoluer pour s’adapter au monde ». Béatrice Rousset, auteur, coach. La prise de conscience en est la première étape.

Comment je me sens personnellement et professionnellement ? Suis-je centré, aligné, en accord avec ce que je crée, la manière dont je me comporte, l’image que je véhicule…? D’où je parle ? Ai-je conscience que mes propres actions ont un impact sur les situations que je vis, les relations que je développe, les problèmes que je rencontre ?

Les softskills importent plus aujourd’hui que jamais. L’intuition, les ressentis ont toute leur place. Il s’agit de leur offrir un espace de congruence dans une création de valeur et de sens, en équilibre, entre envie, développement professionnel et orientation stratégique de l’organisation. Avancer pas à pas pour de petites victoires. L’apprentissage par la pratique répétée jusqu’à l’ancrage pour une réappropriation de sa part de responsabilité et de pouvoir.

…Et écosystémique

Des micro-changements concrets, au plan individuel, pour donner une chance au système global d’évoluer.

« Nous sommes sous l’influence de notre environnement que nous influençons en retour. Elle s’intéresse à la relation des éléments en présence plutôt qu’à chacun d’eux. Difficile de changer le monde mais on peut toujours faire évoluer son point de vue, ou modifier son comportement. Et si je change, les réponses que j’obtiendrai auront quelque chance de différent elles aussi ». François Balta, psychiatre et Gérard Szymansky, formateur, coach et consultant.

Pour une entreprise, c’est la même chose. Chacune s’implique avec sa propre logique dans une inter-influence d’activités. Nous l’avons évoqué plus haut, une transformation nécessite un aller-retour permanent entre interne et externe. Un positionnement concurrentiel déterminé encore par une recherche d’hyper-compétitivité. Néanmoins, une modification de signification pourrait également s’opérer au niveau de la notion même de concurrence.

Concurrence ¹ Rivalité / Concurrence = Complémentarité

D’ailleurs, si c’était le cas, qu’est-ce que cela changerait ? De la valorisation des intérêts individuels des organisations à celle des intérêts collectifs et le désir de se relier aux autres dans une relation de « confrontation créatrice ». Une coopétition où compétition et coopération ne s’opposent pas. Un paradigme concurrentiel axé sur la complémentarité plus que sur la rivalité, planète y compris.

M. Porter, chercheur en stratégie à Harvard avait expliqué il y a quelques années qu’il n’y avait que 3 positionnements possibles pour les entreprises : « soit vous allez dans le gain en performance pour le client, soit vous allez dans la personnalisation de la solution pour le client, soit vous allez dans le gain en coût pour le client, mais ne vous avisez pas de mixer ces options entre elles ».

Pourtant de nombreuses mutations ont démontré le contraire : elles aboutissent à la fois de gagner en performance, en coût, en personnalisation – Airbnb ou Uber en sont des exemples – et même en durabilité, il suffit de regarder un instant Blablacar ou bien d’autres. Après tout, notre client final n’est-il pas commun à tous ?

Conclusion

Si une entreprise s’inscrit dans une logique d’interrelation, d’innovation, de conscientisation de ses modèles mentaux, de développement professionnel de ses collaborateurs, au service d’un but élevé, il y a de fortes chances pour que l’engagement, dans toutes ses initiatives, soit au rendez-vous.

Et qu’un jour, peut-être, la transformation ne soit plus un sujet à part entière mais un processus naturel. D’ailleurs, le cabinet Celencia le pense déjà comme cela.

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